Lutter contre l’érosion et reboiser pour vaincre l’austérité de la nature

Le Cap –Vert est un petit archipel montagneux et aride, jeté au large des côtes Sénégalo-mauritaniennes.

Si les conditions bioclimatiques, et notamment l’extrême irrégularité pluviométrique rattachent le Cap-Vert au Sahel, l’archipel n’en apparaît pas moins comme un sahel atypique.

Les responsables Capverdiens ne comptent plus, depuis longtemps, sur les effets d’un retour de conditions pluviométriques moins désespérantes que celles des Vingt Cinq dernières années. Ils ont donné à l’aménagement de l’espace cultural et au reboisement un rôle prioritaire.<p><p>

L’érosion : fléau ancien, calamité actuelle<p><p>

Le Cap –Vert est soumis depuis des siècles à l’agressivité d’agents d’érosion variés et puissants.

Cette érosion est particulièrement importante dans un milieu caractérisé par un système fragile qui combine fortes pentes, pluies en grains, vent permanant, hydrologie de surface torrentielle.

C’est dans le souci de limiter les effets de ce cumul d’handicaps que la lutte contre l’érosion à travers l’aménagement des pentes et des vallées a été perçue entre autres comme un préalable à la valorisation agricole des zones montagneuses et à l’extension des périmètres irrigués.

Correction torrentielle et aménagement des pentes : 02 techniques de lutte contre l’érosion

Le choix et l’efficacité des infrastructures de correction torrentielle (digues et micros barrages) dépendent pour beaucoup des conditions topographiques des zones.

Si la construction de digues s’est révélée efficace pour l’extension des superficies cultivables dans les zones semi-arides (300-500 m) ; dans les basses vallées notamment dans l’île de Santiago ce sont surtout les micros barrages qui ont permis l’extension sensible des périmètres irrigables.

Le contrôle des eaux de ruissellement est mené par la multiplication des digues de pierres parfois renforcées par un grillage, coupant le lit des torrents sur des mètres de dénivellation.

La terre, piégée en amont des digues permet de réaliser ensuite quelques cultures.

Cette technique a permis de réhabiliter d’immenses superficies de sols jadis marginaux du fait de l’érosion.

Tout comme les infrastructures de correction torrentielle, les travaux d’aménagement des pentes constituent un moyen de lutte utilisé au Cap -Vert pour endiguer les effets néfastes de l’érosion .Ces travaux se résument principalement à la confection de banquettes anti-érosives surtout au niveau des hautes terres de périmètres de reboisement ; à la réfection et création de terrasses de culture dans l’ensemble de l’espace cultivable ,et particulièrement dans les zones dont les pentes basses et moyennes sont susceptibles de bénéficier d’une irrigation gravitaire.

Les banquettes anti-érosives ont pour fonction essentielle de ralentir l’eau de ruissellement sans la stopper, ce qui réduit l’érosion et favorise l’infiltration de l’eau surtout aux abords du dispositif. Elles permettent également de favoriser la sédimentation des particules fines en amont du dispositif.

Par ailleurs ce type d’aménagement n’entraîne pas d’engorgement du sol néfaste aux cultures.

L’objectif fondamental visé à travers ces aménagements est l’amélioration des conditions de production agricole et l’exploitation des terres sur une longue période.

De nos jours sur la base des différentes techniques de lutte contre l’érosion, l’état Cap verdien à réaliser de grands aménagements au niveau des bassins versants des îles de Santiago, de Santa Antao et de Fogo.

Certes beaucoup d’initiatives  en matière d’aménagement reviennent à l’état (grands travaux); il est à noter cependant de plus en plus des initiatives locales émanant de municipalités qui tentent d’accompagner l’état dans la mise en œuvre de sa politique d’aménagement.

Le projet agro écologique de la municipalité de Saint Filipe dans l’île de Fogo qui a été financé par la Fondation Jean Paul II pour le Sahel illustre parfaitement la synergie d’actions entre état et entités décentralisées dans la lutte contre la désertification et la dégradation des ressources naturelles.

Ce projet agréé en 2003 par le CA de Ouagadougou et financé à hauteur de 40 millions de FCFA en subvention a permis la réalisation de 04 digues au niveau de 02 rivières dans le village de Inhuco.

Monsieur Clément KONATE